L'injection intraveineuse de produit de contraste peut se manifester par des réactions dont les symptômes sont similaires à celles des réactions allergiques. De telles réactions ont été également observées lors d'injections intra-articulaires de produits de contraste iodé. Ces réactions peuvent être immédiates ou retardées (jusqu'à 24-48h par exemple).
Lors d'une réaction immédiate, la symptomatologie observée peut aller d'une simple rougeur cutanée, de l'urticaire jusqu'à des troubles cardio-respiratoires pouvant nécessiter un traitement en milieu hospitalier.
Par définition, les réactions tardives se manifestent 1h après l'injection. Le plus souvent il s'agit de réactions cutanées (rougeur, rash) peu importantes.
La pathogénie de ce type de réaction n'est pas connue. La vaste majorité de ces réactions indésirables est associée avec un relâchement d'histamines et d'autres médiateurs par les basophiles et les éosinophiles. L'absence d'anticorps contre le produit de contraste parle pour un mécanisme différent de la réaction allergique habituelle (type allergie à la pénicilline). C'est pour cette raison que dans la littérature anglo-saxonne radiologique ce type de réaction est désigné sous des termes variés: " allergic-like ", " anaphylactoïd ", " adverse event ", etc. Sur ce site, pour des raisons de simplifications typographiques, le terme de « réaction allergique » tout court est employé. D'ailleurs quelque soit son nom, le traitement d'un choc anaphylactique/anaphylactoïde est toujours le même: corticostéroïdes, liquide physiologique, adrénaline si nécessaire et antihistaminiques.
Le risque d'une réaction allergique est faible et généralement imprévisible. Certains patients (asthme, rhume des foins, terrain atopique (prédisposition aux allergies)) sont un peu plus à risque. Des patients qui ont déjà eu des réactions indésirables " mineures " aux produits de contraste sont évidemment à risque. L'allergie aux crustacés n'est pas reconnue comme un facteur de risque. A ma connaissance, il n'y a pas de tests de laboratoire permettant d'indiquer d'une manière fiable le risque de survenue d'une réaction " allergique " aux produits de contraste radiologiques.
De multiples travaux ont montrés une réduction du nombre de basophiles et d'éosinophiles circulants dans le sang après injection intra-veineuse de methylprednisone. Comme ce sont précisément ces éléments sanguins qui sécrètent les médiateurs associés aux réactions indésirables, l'American College of Radiology et d'autres proposent aux personnes à risques des protocoles de prémédication.
En cas de terrain atopique (prédisposition aux allergies), le protocole de préparation aux examens avec contraste iodé intraveineux peut être utilisé:
• 50mg de prednisone per os 13hs, 7h, et 1 heure avant l'examen.
• Benadryl® – 50 mg une heure avant l'examen
Comme il n'y a pas d'étude scientifique (et il ne peut pas y en avoir car risque de réaction anaphylactoïde!) prouvant l'efficacité de ce protocole, son utilisation est controversée. On trouve donc périodiquement dans la littérature radiologique des échanges épistolaires musclés entre les partisans et les détracteurs de cette pratique: Bierry G, Kellner F, Barnig C. Management of patients with history of adverse effects to contrast media when pulmonary artery CT angiography is required. Radiology. 2007 Dec;245(3):919-21; Avec la réponse des auteurs incriminés Woodard PK, Goodman LR, Weg JG, Stein PD qui se trouve sur les mêmes pages: 919-21.
Néanmoins, même si ce protocole ne permet pas d'éviter des réactions indésirables graves, il existe quand même des rapports tendant à indiquer une diminution de la sévérité des réactions avec son utilisation.
Note: Les corticostéroïdes sont associés à des états hyperglycémiques transitoires qui peuvent être «cliniquement significatives » chez les patients diabétiques.
Un examen de l'abdomen par tomodensitométrie effectué sans injection intraveineuse de contraste ne permet bien souvent pas de donner des informations pertinentes, bref de répondre à la question posée par le médecin correspondant. Bien évidemment, des examens de substitution peuvent être discutés pour certains problèmes et l'IRM peut être une bonne alternative à une tomodensitométrie (scanner, CT-scan). Toutefois, l'IRM a aussi ses contingences: l'utilisation d'un champ magnétique! (voir: contre-indications à l'IRM). De plus, c'est aussi une technique qui peut exiger l'injection intraveineuse d'un produit de contraste (voir: gadolinium).
L'agent de contraste à base de gadolinium utilisé en imagerie par résonance magnétique (IRM) est un chélate de gadolinium. Sur tout le site, pour des raisons de simplification typographique, le terme de Gadolinium est employé en lieu et place de complexes/chélates de Gadolinium.
Des réactions allergiques légères à sévères peuvent exceptionnellement survenir après injection intraveineuse de Gadolinium. Ces réactions ont été observées avec une incidence à peu près égale chez tous les fabricants de contraste. Ce risque de réaction allergique est très faible et imprévisible. Par comparaison avec les produits de contrastes iodés, la réaction allergique au gadolinium est nettement plus rarissime. La fréquence des réactions indésirables aux produits de contraste contenant du gadolinium tourne autour de 0.07%. Ces réactions sont moins fréquentes chez les enfants (d'un facteur 2X).
La plupart des réactions allergiques aux produits de contraste contenant du gadolinium sont légères. Lors d'une réaction allergique, la symptomatologie observée peut aller d'une simple rougeur cutanée, de l'urticaire jusqu'à des troubles cardio-respiratoires pouvant nécessiter un traitement en milieu hospitalier.
Comme pour les produits de contrastes iodés, il n'y a pas de consensus sur l'utilité des prémédications avec corticostéroïdes et antihistaminiques dans la prévention des réactions anaphylactoïdes.
Produits de contraste iodé
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