Circulation à contre-sens sur l'autoroute. Collision frontale. Une personne décédée à l'arrivée des secours; une autre décédé durant son transport vers l'hôpital; la troisième est amené par les pompiers directement au scanner. Celle-ci est consciente et bien orienté dans le temps et l'espace. Il n'y a pas eu perte de connaissance. La patiente se plaint de douleurs thoraciques et du flanc gauche. Selon les urgentistes, il n'y a pas de signe de déficit neurologique. Une fracture ouverte du bras est évidente et l'on soupçonne également d'autres fractures aux membres inférieurs. La patiente est donc « très équipée » et sa mise en place sur la table du scanner est longue et compliquée.
Protocole examen tomodensitométrique: « Body scan» demandé. Acquisition volumique sur le crâne et le rachis sans injection de contraste. Acquisition volumique sur le thorax et l'abdomen après injection intraveineuse de contraste.
Les fractures du condyle occipital sont généralement classifiées selon l'échelle d'Anderson et Montesano:
Type 1: Fracture impaction, comminutive du condyle occipital.
Type 2: Fracture impliquant un ou les deux condyles occipitaux et qui se poursuit dans le basiocciput.
Type 3: Fracture avulsion du condyle occipital. Ce type de fracture est considéré comme instable.
Le diagnostic de fractures du condyle occipitale est généralement posé au le scanner car:
• ces fractures sont rarement visibles sur les radiographies standards en raison des surprojections;
• le tableau clinique est peu spécifique ou dominé par la symptomatologie des autres lésions.
Note: des déficits d'un ou plusieurs nerfs crâniens (9 jusqu'à 12) peuvent survenir tardivement. Ces déficits sont vraisemblablement reliés à la formation de cal ou à la migration secondaire d'un fragment.
Pour notre cas, le scanner montre une fracture comminutive du condyle occipital. Le trait de fracture passe par le canal hypoglosse et se poursuit dans le clivus. Il s'agit d'une fracture de type II selon la classification de Anderson et Montesano.
Par ailleurs, l'examen tomodensitométrique («Body scanner») a révélé la présence:
• de nombreuses fractures costales droites et gauches;
• d'un minime pneumothorax;
• de contusions spléniques
L'interprétation de l'examen était limitée par la présence d'artéfacts provoqués par des crochets métalliques reliés aux bras du brancard des pompiers, les câbles du monitoring, les bras de l'accidenté allongés le long de son corps, etc. Lors d'un examen tomodensitométrique, il est vital que le brancard utilisé soit «radiotransparent» et que toutes les parties métalliques puissent être amovibles! Le matériel «scanner-compatible» est certes un peu plus coûteux, mais quel gain obtenu concernant la précision du diagnostic et .... le confort du patient (last but not least).
• Lustrin ES, Karakas SP, Ortiz AO, Cinnamon J, Castillo M, Vaheesan K, Brown JH, Diamond AS, Black K, Singh S. Pediatric cervical spine: normal anatomy, variants, and trauma. Radiographics. 2003 May-Jun;23(3):539-60. Comment in: Radiographics. 2003 Nov-Dec;23(6):1699-701; author reply 1699-701.
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