Embolies pulmonaires et autres risques des voyages en avion.

Patient revenant d'Australie. Importantes difficultés respiratoires. Intubé et transporté par hélicoptère à l'hôpital. Scanner thoracique demandé.

Image 1. Scanner thoracique (coupe axiale, après injection de contraste (25s), fenêtre pulmonaire). 1, Poumon gauche. 2, Trachée (présence d'une sonde d'intubation). 3, Poumon gauche. Flèche, Opacité triangulaire, à base pleurale, visible au niveau du lobe supérieur du poumon gauche pouvant correspondre à un infarctus pulmonaire.

Embolies pulmonaires: Image 1 de 3
  • Image 1. Scanner thoracique (coupe axiale, après injection de contraste (25s), fenêtre pulmonaire). 1, Poumon gauche. 2, Trachée (présence d'une sonde d'intubation). 3, Poumon gauche. Flèche, Opacité triangulaire, à base pleurale, visible au niveau du lobe supérieur du poumon gauche pouvant correspondre à un infarctus pulmonaire.

  • Image 2. Scanner thoracique (coupe axiale, après injection de contraste (25s), fenêtre médiastinale).
    1, Veine cave supérieure. 2, Aorte thoracique ascendante. 3, Tronc pulmonaire. Flèche, Embole visible dans le systàme artériel pulmonaire comme un défaut de remplissage hypodense entouré par du produit de contraste.

  • Image 3 de 3. Scanner thoracique (coupe axiale, après injection de contraste (25s), fenêtre médiastinale).
    1, Poumon droit. 2, Corps vertébral. 3, Poumon gauche. Flèche, Embole visible dans le systàme artériel pulmonaire comme un défaut de remplissage hypodense entouré par du produit de contraste.

Le scanner thoracique avec injection intra veineuse de contraste montre de multiples embolies pulmonaires dans les artères pulmonaires droites et gauches. Sur les coupes tomodensitométriques en fenêtre médiastinale, les embolies sont visibles comme des défauts de remplissages, comme des lacunes hypodenses, entourées de contraste, et localisées dans les artères pulmonaires (images 2 et 3). L'opacité triangulaire, à base pleurale, visible au niveau du lobe supérieur du poumon gauche pourrait correspondre à un infarctus pulmonaire (image 1: coupe tomodensitométrique thorax - fenêtre parenchymateuse).

Les conditions d'un voyage aérien

Les transports aériens se caractérisent par un voyage:
• dans un milieu confiné;
• impliquant une immobilisation prolongée;
• exposé aux radiations d'origine cosmique;
• se déroulant à l'intérieur d'une cabine pressurisée, donc qui soumettent le corps humain à un "stress physiologique".

Conséquences

Les voyages aériens se font à l'intérieur d'une cabine pressurisée. La pression de l'air à l'intérieur de cette cabine correspond généralement à celle d'une altitude comprise entre 1524 et 2438m. Dés lors la pression artérielle d'oxygène peut diminuer jusqu'à 60mmHg (altitude de 2438m) avec une diminution concomitante de 4% de la saturation de l'oxyhéméglobine. Cette diminution de l'oxygène peut précipiter la survenue d'une détresse respiratoire chez un malade ayant déjà une dette d'oxygène. Cette diminution du taux de l'oxygène peut favoriser la survenue d'arythmies cardiaques ou de crises d'épilepsies.

Les variations de pressions à l'intérieur de la cabine entraînent une variation des volumes de gaz à l'intérieur du corps. Ce phénomène est peu important pour la plupart des voyageurs, mais peut constituer un stress (agression) pour les personnes ayant subi récemment une opération. Cette augmentation du volume du gaz peut entraîner une déhiscence des cicatrices opératoires. Une augmentation du volume du gaz peut aussi péjorer un pneumothorax préexistant.

Un voyage de plus de 8h, l'état de déshydratation, le milieu hypobare hypoxique de la cabine de l'avion (pression diminuée, oxygène dans le sang diminuée) sont des facteurs qui favorisent la survenue des phénomènes thromboemboliques. Des facteurs personnels comme l'obésité, une chirurgie récente, un cancer, la prise de pilules contraceptives multiplient le risque. La prise d'une prophylaxie antithrombotique peut se discuter avec son médecin traitant.

Le voyage aérien s'effectue dans un milieu confiné de sorte que l'on doit être vigilant sur la qualité de l'air circulant à l'intérieur de la cabine. Le transport aérien et ce milieu renfermé sont des facteurs qui favorisent la propagation des agents infectieux.

Pour le voyageur «lambda», l'exposition aux radiations cosmiques ne représente pas un risque important. Par contre, les équipages des avions sont soumis à des expositions répétitives. Il existe clairement un risque pour une femme enceinte travaillant dans les long-courriers.

Contre-indications à un voyage aérien

Il est prudent de consulter un médecin avant d'effectuer un voyage par avion si l'un des critères suivants est présent:
• Insuffisance cardiaque décompensée.
• infarctus myocardique récent (moins de 14 jours).
• arythmies cardiaques non contrôlées.
• Insuffisance respiratoire.
• pneumothorax (moins de 3 semaines avant le voyage).
• Attaque cérébrale récente (moins de 14 jours).
• Crises d'épilepsies non contrôlées.
• accident de décompression récent (moins de 14 jours) ou plongée (s) il y a moins de 24h.
• Nouveau né.
• intervention chirurgical récente c'est-à-dire moins de 14 jours lorsqu'elle intéresse la sphère cérébrale, cervicale, thoracique, ou abdominale.
• grossesse ( dés la 36ème semaine et 1 semaine après l'accouchement). Note: La plupart des compagnies aériennes exigent un certificat médical dés la 28ème semaine!
• maladie contagieuse
• psychose aigüe

Bibliographie

• Silverman D, Gendreau M. Medical issues associated with commercial flights. Lancet. 2009 Jun 13;373(9680):2067-77.
• Berlin L. Tuberculosis: resurgent disease, renewed liability. AJR Am J Roentgenol. 2008 Jun;190(6):1438-44.